dimanche 27 novembre 2011

Trois lettres.

G.E.U...

Sans blague...? Sans blague... Je vous jure. Meme si je n'y crois pas encore tout a fait moi-meme.

La derniere fois que je suis venue ecrire, je venais d'avoir ma prescription de femara. Au debut octobre, ca y etait, on commencait ce traitement, qui ma foi, a marché a merveille. Enfin...presque.

Durant le traitement, tout a été comme sur des roulettes. Pas d'effet secondaire. Un bon timing, il nous semblait, pour que cette fois-ci, ca fonctionne. Une ovulation facile a détecter. Des essais faciles a planifier. On était confiants, enthousiastes, on était dedans, comme on dit, pas blasés, fatigués et défaitistes comme a d'autre moments auparavant.

L'attente du résultat s'est bien passée. J'ai même réussi à attendre 3-4 jours de plus que nécessaire avant de faire le test, juste parce que ça adonnait mieux comme ça, juste parce que j'avais envie d'apprendre le résultat un matin de jour de congé... C'est dire, c'était bien ma meilleure performance à vie en termes de patience!

Le matin du lundi 7 novembre, donc, j'ai fait un test de grossesse, et j'ai découvert sans grande surprise la deuxième petite ligne sur le bâtonnet: c'était positif, et on dirait que je le savais. Je n'avais pas de grands symptômes, mais quelques-uns quand meme, et puis j'avais bien 3-4 jours de retard...

Sur le coup, on a tellement été heureux, soulagés, presque pas surpris. C'était notre tour, on était dus, le timing était parfait, la vie nous devait bien ça après ces 5 années!

On s'est emballés, en essayant d'etre prudents un peu quand même, mais on s'est emballés. On a pensé a la naissance, aux noms, aux trucs à préparer, à la maison qu'on prévoit acheter. À la famille qui allait être contente que ca fonctionne enfin pour de vrai. À mon ventre qui allait enfin fonctionner, s'arrondir, et nous donner un beau bébé qui nous ressemblerait. Au fait que si mes fausses couches ont été dues a de mauvaises ovulations, cette fois-ci, on aurait toutes les chances de notre côté pour que l'embryon tienne et se développe comme il faut, grâce au femara. On s'est réjouis, aussi, que le femara ait fonctionné du premier coup, on s'est soudainement sentis extrêmement chanceux...

Chaque jour je faisais attention a moi... Je m'etais meme organisee pour alléger mon horaire, et j'essayais de ne pas trop m'énerver par crainte de la fausse couche. J'y réussissais pas trop mal, et je n'avais aucun saignement, donc j'étais rassurée.

J'avais une échographie prévue chez ovo pour le 23 novembre, une écho de viabilité, et j'attendais le résultat de cette écho avant de l'annoncer à mes parents. J'avais envie que ce soit une "vraie" bonne nouvelle, pour une fois.

Samedi soir le 19 novembre, j'ai commencé a avoir de légères douleurs a l'aine, comme une lourdeur. Pas de saignement. J'ai pensé que ce devait etre normal... Des douleurs de ligaments , ou quelque chose du genre. Rien d'inquiétant, quoi.

Le dimanche matin, je remarque que la douleur est un peu plus prononcée, et que ca irradie dans mes cuisses, et la, je commence à trouver ca bizarre, et à googler mes symptômes et mes questions. Je n'ai pas eu le temps de trouver grand chose, que paf!, une intense douleur m'assaillait, comme un gros coup d'éclair dans tout mon ventre. Une douleur intense, mais brève, parce que je me suis allongée aussitôt, et couchée, ça allait un peu mieux.

Inquiète, j'ai annulé mes activités de l'après-midi pour me reposer, en souhaitant que ça se tasse. Au fur et à mesure que la journée avançait, je me sentais de plus en plus faible, et chaque fois que je me levais debout ou simplement assise, la douleur revenait, toujours plus intense...

En début de soirée j'ai téléphoné à info-santé, et on m'a dit d'aller à l'urgence, question d'en avoir le coeur net. Toujours aucun saignement, pourtant...

Le trajet jusqu'à l'hôpital fut atroce. C'est mon chum qui m'y a conduite. J'étais tellement faible et pâle juste d'être assise, et la douleur, qui continuait de s'intensifier, s'accentuait avec chaque soubresaut de la voiture, tellement que ça me faisait vomir, et puis les spasmes de vomissement me faisait me cogner le front sur le coffre à gants... :-S

Heureusement, arrivés à l'urgence, ça a été assez rapide, une chance parce que je commençais vraiment à avoir l'impression de perdre la carte. La douleur montait plus haut dans mon ventre et je me sentais toute gonflée, comme si j'allais exploser.

On m'a rapidement mise sur une civière et sous surveillance, on a pris ma pression qui était très basse, au point que l'infirmière croyait que c'était la machine qui ne fonctionnait pas bien. Un premier médecin m'a vue, un généraliste fort sympathique qui m'a fait passer une échographie, à la recherche de liquide éparpillé dans mon ventre. À ce moment-là, le doc hésitait entre une grossesse ectopique ou une crise d'appendicite. Se disant pas vraiment expert pour manier la machine à échographie, il m'a fait donner de la morphine en intra-veineuse pour calmer les douleurs, le temps qu'une autre doc vienne me voir et trouve le bobo.

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La morphine, c'est splendide comme sensation... Il m'a semblé sur le coup que j'étais complètement crispée depuis des heures, et que je pouvais enfin me détendre... Voyant que je passerais la nuit à l'hôpital et que j'étais maintenant soulagée, mon chum est retourné à la maison pour essayer de dormir quelques heures.

Après un moment, par contre, les douleurs sont revenues, alors j'ai appelé l'infirmière, qui m'a dit que la dose que j'avais reçue était sensée me soulager pendant 3heures... Et là, on n'était que 45 minutes plus tard...
Elle a tout de même obtenu du médecin l'autorisation de m'administrer une seconde dose. Qui ne faisait plus effet 50 minjtes plus tard, elle non plus.

Quand j'ai redemandé une autre dose, c'est une nouvelle infirmière qui est venue me voir. C'est qu'on était rendus la nuit... Elle m'a répondu gentiment, mais tout de même avec un ton qui voulait dire "ben là, il va falloir que tu attendes, on peut pas te donner de la morphine aux 45 minutes, quand même"... Et là, à ce moment-là, franchement, j'ai eu peur. Je me suis dit que s'ils ne prenaient pas ma douleur au sérieux, je risquais d'y passer. S'ils ne comprenaient pas l'anormalité de mes douleurs MALGRÉ la morphine, vraiment, j'étais mal foutue.

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À un moment donné, la machine qui prenait mes signes vitaux s'est mise à donner "le signal d'alarme". Les infirmières venaient voir ma pression et mon rythme cardiaque, et me donnaient la main en me disant que ça irait, puis elles s'éloignaient et se disaient entre elles "il faut que la doc arrive, elle tachycarde et ses signes vitaux ne vont vraiment pas bien...". La douleur avait tellement monté et gagné en intensité que j'avais du mal à faire le moindre mouvement, même respirer était difficile.

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Une doc est arrivée en me disant qu'elle était gynécologue obstétricienne et chirurgienne, et qu'elle allait pouvoir me sortir de là (alleluïa!) . Elle m'a fait passer une seconde échographie, et sans pouvoir dire s'il s'agissait d'une grossesse ectopique ou d'une crise d'appendicite, elle a vu du liquide à l'intérieur et m'a tout de suite dit "je vais devoir t'opérer pour trouver ce que c'est et arranger ça. Je vais te faire ça par laparoscopie, donc tu ne devrais pas avoir de grosse cicatrice en te réveillant..."

Tout de suite les infirmières m'ont préparée pour être emmenée en salle d'op. On m'a retiré mes vêtements et ma bague, et j'étais contente que ça roule, enfin ma douleur était une "vraie" urgence, et puis j'avais trop mal pour craindre l'anesthésie générale. Et il faut dire aussi, la doc m'inspirait vraiment confiance.

Le plus difficile fut de me faire transférer sur la civière, de me faire conduire a la salle d'op, de voir passer tous ces néons au plafond qui me donnaient le tournis, de savoir que mon chum était en chemin mais qu'il ne serait pas là à temps pour que je le voie avant l'opération. De me refaire transférer sur la table d'opération, d'en vomir de douleur, d'écrabouiller la main de l'infirmière assez gentille pour me donner la main, tellement je la lui serrais fort...

On m'a mis un masque dans le visage en me disant "allez, respire bien, ce n'est que de l'oxygène, ce n'est pas ce masque là qui va t'endormir..." J'ai respiré à fond, et je me suis endormie si vite que j'ai manqué la fin de la phrase :)

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Au réveil, tout tournait, mais ça m'importait peu, je souriais bêtement en répétant "wow, merci, je n'ai plus mal...". Mon amoureux, qui m'a vue à ce moment-là et qui jusque là avait espéré que ce ne soit qu'une crise d'appendicite et qu'on ne perde pas le "bébé", mon amoureux, donc, m'a vue, blanche, cadavérique, avec les lèvres mauves... et s'est dit, à ce moment-là, que ce qui était important, c'était que je sois en vie.

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C'était donc une grossesse ectopique. L'embryon s'était installé dans ma trompe gauche, et pour une fois il semblait se développer comme il faut... Si bien que la trompe a éclaté, et a provoqué une grave hémorragie interne. On m'a retiré plus de un litre de sang de l'abdomen, voilà pourquoi je me sentais comme si j'allais exploser, voilà pourquoi la douleur montait, aussi.

Chanceuse dans ma malchance: apparemment, ma trompe avait "bien" fendu, de sorte que la doc ne me l'a pas enlevée. Elle devrait se cicatriser et être fonctionnelle à nouveau d'ici quelques mois.
La doc m'a aussi dit qu'elle n'avait pas vu de raison apparente pour cette erreur de la nature... Habituellement, des trompes un peu trop tortueuses peuvent favoriser ce genre de problème, mais ce n'est pas mon cas. Elle m'a dit que mes trompes étaient très belles, droites, que mon utérus avait l'air tout a fait normal, que mes ovaires n'avaient même pas l'air d'être polykystiques. En d'autres termes, c'est vraiment la faute à pas de chance...

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Après ça, il faut se remettre. Physiquement, je parle, en premier du moins. Après avoir perdu autant de sang, c'est l'anémie: faiblesse, étourdissements, bourdonnements dans les oreilles, incapacité de me lever toute seule, impression d'évanouissement au moindre mouvement trop brusque. On m'a proposé une transfusion sanguine pour accélérer la convalescence, et quand la doc m'a dit que ça me permettrait de rentrer chez-moi le soir même, j'ai accepté sans trop hésiter.
Je dis "sans trop hésiter", parce que j'ai hésité un peu, tout de même... Tsé, quand après cinq ans d'essais, 2 fausses couches, un diagnostic d'infertilité qui te met dans un groupe minoritaire de la population, un traitement qui marche enfin mais qui vire en grossesse extra-utérine (2 pourcent des grossesses, bordel!! 2 pourcent !!), et qu'on te dit qu'il y a quand même des risques minimes inhérents à toute transfusion sanguine (quelque chose comme une chance sur 250 000 d'attraper le vih ou une hépatite), tu te dis "pourquoi ça ne m'étonnerait pas que ça tombe aussi sur moi..."
Bref, j'y ai pensé quand même un peu... Puis l'envie de rentrer à la maison rapidement a pris le dessus.

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Là, je suis a la maison depuis 8 jours. Au début, tout était difficile, mon coeur et ma respiration s'emballent encore au moindre effort. Mais j'ai fait des progrès, et dans à peu près une semaine je devrais être redevenue à peu près normale dans mes capacités physique. Capable de fonctionner et de retourner tranquillement à mes activités.

Je revois la doc qui m'a opérée le 6 décembre, pour un suivi. J'ai hâte, parce que j'ai des tonnes de questions à lui poser. Ça va m'aider à me positionner pour la suite. Tout juste après l'opération, je me disais que c'était fini pour moi, les essais. Que je serais terrorisée à l'idée de retomber enceinte, que je pouvais peut-être vivre avec la crainte de faire des fausses couches à répétition, mais pas avec la crainte de mourir. Déjà je me trouve plus "phobique" qu'avant... J'ai peur de l'urgence pas prise à temps, j'ai peur d'être seule, j'ai peur de chaque sensation dans mon ventre, peur que ça recommence. C'est un peu débile, mais des fois j'ai peur que ça ait été véritablement mon heure, et qu'un incident revienne corriger le fait que j'aie été sauvée in extrémis par erreur... C'est un peu débile, je vous l'avais dit.

Pour la suite, je sais pas trop trop... Toutes les options pèsent égal dans la balance, on dirait. Je songe à l'adoption, mais je ne suis pas sûre; je songe à recommencer, en me disant que la chance n'aura pas le choix de se pointer un jour, mais je ne suis pas certaine; je songe à planifier une vie sans enfants et faire une croix là-dessus, mais je ne sais pas trop non plus....

Ça va prendre du temps...

Voilà, c'était un long et lourd article, mais j'avais besoin de ça, de le raconter comme c'est, tout d'un trait. Je voulais aussi vous dire que... je vous aime, bon. Merci de venir simplement me lire, de commenter ou pas, de vous livrer vous-memes dans vos messges et sur vos blogs respectifs. Non mais, ça aurait-tu été bête que je parte comme ça, sur une malchance, sans vous donner de nouvelles...

A bientot, pour des nouvelles de gros progrès, je l'espère :)