vendredi 21 août 2009

Le système de santé

Attachez-vous, c'est le moment "chiâler pour chiâler" de la semaine.

Vendredi dernier, après avoir reçu le résultat inquiétant de ma prise de sang, mon médecin de famille m'a rempli une requête pour que je puisse passer une échographie "d'urgence". A ce moment-là, le but était de vérifier s'il s'agissait ou pas d'une grossesse ectopique.

Bon, nous étions vendredi... alors l'urgence devait tout de même attendre, au moins jusqu'à lundi. Mon médecin m'avait dit: "Lundi matin, passe chercher le papier à la clinique. J'ai noté "urgent" dessus. Une fois que tu l'auras, tu téléphones à l'hôpital pour prendre un rendez-vous, et s'ils ne peuvent pas te prendre, insiste pour qu'ils te prennent entre deux patients."

Mmmhh, faire de la pression. Vraiment pas mon truc.

Lundi, donc, je passe prendre le papier. C'est effectivement écrit "urgent" en belle écriture de médecin dessus. J'appelle à l'hôpital, et je leur explique la situation.

"On ne fait pas ça, madame.
- Écoutez... je sais pas quoi vous dire... je fais peut-être une grossesse ectopique, il ne faut pas attendre, c'est écrit urgent sur mon papier, et c'est le docteur Untel lui-même en personne qui m'a dit de procéder de cette façon...
- Le mieux que je peux faire, c'est vous demander de nous faxer la requête du médecin. Quand on l'aura reçu, on va vous téléphoner pour vous donner un rendez-vous".

Plaisant. Bon, on était lundi, et la veille j'avais évacué la plupart des "débris"... Je savais bien que c'était maintenant un peu moins urgent... Mais qu'est-ce qui se serait passé si j'avais effectivement été en train de faire une grossesse ectopique? J'aurais attendu? Ça m'aurait sauté au visage, et j'aurais été opérée d'urgence après des douleurs atroces? J'aurais perdu une trompe?

Bon. Revenons à la réalité: j'ai bel et bien perdu mon p'tit grain de poivre, et l'échographie qui s'en vient servira plutôt à vérifier que tout est correct, qu'il ne reste pas de débris dans l'utérus, que je n'ai pas besoin de curetage... Vous savez, ce genre de routine pour les avorteuses spontanées dont je fais partie.

Il me faut donc faxer ce truc... Ok, là, j'avoue, il y a eu un peu de procrastination de ma part... Un fax, qui a encore ça, un fax?? Ça existe encore, ces trucs-là, depuis l'arrivée des scanners et d'internet? Et puis qui a vraiment envie de se programmer une écho pour se faire parler comme si on était une folle qui se serait inventé une grossesse imaginaire?

Hier, donc, je finis par trouver une occasion simple de faxer ce truc, de chez une amie. Aujourd'hui, tel que prévu dans le très sérieux protocole concernant les échographies "d'urgence", le département de radiologie de l'hôpital me rappelle pour me donner un rendez-vous. Après vérification pour s'assurer que je suis bien moi-même, que la requête était bien la mienne, et que je ne suis pas une imposteure de l'échographie pelvienne, on me met sur le hold, et on me revient avec une date de rendez-vous.

"Ce serait le 31 août...
- Ben là madame... si c'est le plus tôt que vous pouvez me donner, je vais le prendre, mais c'est tout de même écrit "urgent" de la main du médecin sur mon papier...

(Bon, ok, là, j'avoue: je teste le système. Moi pour le moment je m'en fous d'attendre une semaine... mais si je n'étais pas moi "maintenant", si j'étais plutôt la moi paniquée et inquiète avec raison de vendredi dernier??)

- C'est vraiment le mieux que je peux faire... Sinon, les rendez-vous vont en novembre...
- Ok, c'est beau..."

Je me suis retenue de lui garrocher toute l'insatisfaction que je suis en train d'accumuler à propos du système de santé. La p'tite madame des rendez-vous, c'est pas sa faute à elle... Et c'est bien là une partie du problème: ce n'est jamais la faute à personne. C'est la faute à la mauvaise organisation, c'est la faute à la mauvaise répartition des tâches, c'est la faute à la surcharge de travail, c'est la faute aux décisions prises par les dirigeants, mais en même temps, ce n'est pas la faute des dirigeants, car ils ne sont pas sur le terrain... Et ce n'est pas la faute de ceux qui sont sur le terrain, car ce ne sont pas eux qui dirigent...

Comment se fait-il que la meilleure procédure que mon médecin ait pu me conseiller soit celle-là, pour un cas d'urgence? Appelle et insiste!!! Comment se fait-il qu'il n'y ait rien de mieux de mis en place? On manque de quoi, au juste pour que ça fonctionne? D'espace? D'employés? De temps?

D'intelligence et de bon sens??

On donne aux fumeurs de petites trousses toutes bien conçues, débordant d'outils, de ressources et de numéros de téléphone pour les aider à arrêter de se scraper volontairement la santé, et on ne peut pas me passer une écho d'urgence quand je crains que mon bébé attendu sagement pendant plusieurs années ne s'évacue de lui-même?

Vous la sentez, mon indignation, hein?

C'est la passe du moment, je suppose. Ça va me passer... ou pas. J'en veux à tout le monde, je crie à l'injustice, je m'indigne et je fais du jogging en frappant fort fort fort les craques du trottoir pour faire sortir un peu la frustration.

Qu'on vienne me dire, encore, que la nature est bien faite, que la vie est plus forte que tout, que rien n'arrive pour e-rien... pfffff...

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