En thérapie, ma psy me fait toujours les mêmes yeux quand je dis "j'ai l'impression qu'il faut que...". Des yeux comme si j'avais dit quelque chose d'énorme. Des yeux qui veulent dire "ouf!!! attention, tu es en train de t'écraser sous le poids de grosses contraintes que tu es la seule à mettre en place". Je sais, les yeux de ma psy, ils parlent beaucoup!
Avec le temps, j'ai appris à m'entendre dire "il faut", à me voir aller. J'intègre peu à peu la réaction appropriée: "il faut = ouf, attention" .
L'infertilité est la situation idéale pour faire ressortir les "il faut" et les "je devrais"... du moins pour moi, c'est ce que ça a tendance à faire. Je retombe dans mes idées préconçues sur ce que je devrais être.
Plus patiente. Plus détachée. Plus zen.
Il faut que je pense à autre chose. Que je change mes priorités. Que je lâche-prise.
Il ne faut pas que tout ça m'empêche de vivre heureuse. Il faut que je sois positive. Il faut que j'espère, tout en ne virant pas folle avec ça.
Vous savez quoi? Tant que toutes ces belles choses sont du domaine du "il faut" et du "je devrais", ÇA NE MARCHE PAS. Ça me heurte, ça me fâche, ça fait fi de tout ce que je ressens qui n'est absolument pas "ce qu'il faut". Fiez-vous sur moi, j'ai essayé autant que j'ai pu. Y'a rien que j'aimerais plus au monde que de savoir qu'il suffit de se dire "je devrais être comme ci ou comme ça" pour se changer, y'a rien que j'aimerais plus au monde que de rendre ça simple et facile. Et oui bien sûr, j'ai essayé les marches dans la nature, la visualisation... Niet.
Mais voilà: on ne devient pas zen en se disant "je devrais être zen", ni même en se disant "je suis zen", en se faisant des accroires, comme on dit. On ne lâche pas prise en se disant "maudit qu'il faudrait donc que je lâche prise". On ne s'endort pas en se disant "faut que j'dorme-faut que j'dorme-faut que j'dorme"; en fait ce serait plutôt la recette pour faire de l'insomnie.
Ben alors, comment on y arrive?
Je n'y suis sûrement pas tout-à-fait arrivée, mais en fait, je constate que tranquillement, l'idée de focuser sur autre chose fait sa place. Elle fait sa place toute seule, probablement parce que j'étais arrivée là. Je ne sais pas comment les autres font, mais moi, en général, quand je suis écoeurée d'être dans tel ou tel état d'esprit, quand j'ai laissé de la place à mes émotions "inappropriées", je finis par doucement passer à autre chose. Mais voilà: il me faut d'abord m'écoeurer et me permettre d'être "pas ce qu'il faut" , et c'est une étape obligatoire.
Et pour que tout ça prenne place, ça ne peut partir que de moi. Personne ne peut vraiment m'accepter à ma place, ni me rendre zen à ma place non plus... C'est délicat tout ça. Moi, j'ai le droit de me dire "bon, je vais essayer d'être plus patiente", mais que je voie quelqu'un venir me dire "sois patiente"!! Ce qui se veut un simple conseil gentil prend alors une tournure toute autre: j'ai tout-à-coup l'impression de me faire reprocher mon impatience, j'ai alors l'impression que mon infertilité est réduite à une impatience de ma part. Hé, j'ai les ovaires polykystiques après tout! Ça fait des années que j'attends, je ne me suis pas levée un matin en me disant " je veux un bébé tu-suite" !!
Avec le temps, j'ai appris à m'entendre dire "il faut", à me voir aller. J'intègre peu à peu la réaction appropriée: "il faut = ouf, attention" .
L'infertilité est la situation idéale pour faire ressortir les "il faut" et les "je devrais"... du moins pour moi, c'est ce que ça a tendance à faire. Je retombe dans mes idées préconçues sur ce que je devrais être.
Plus patiente. Plus détachée. Plus zen.
Il faut que je pense à autre chose. Que je change mes priorités. Que je lâche-prise.
Il ne faut pas que tout ça m'empêche de vivre heureuse. Il faut que je sois positive. Il faut que j'espère, tout en ne virant pas folle avec ça.
Vous savez quoi? Tant que toutes ces belles choses sont du domaine du "il faut" et du "je devrais", ÇA NE MARCHE PAS. Ça me heurte, ça me fâche, ça fait fi de tout ce que je ressens qui n'est absolument pas "ce qu'il faut". Fiez-vous sur moi, j'ai essayé autant que j'ai pu. Y'a rien que j'aimerais plus au monde que de savoir qu'il suffit de se dire "je devrais être comme ci ou comme ça" pour se changer, y'a rien que j'aimerais plus au monde que de rendre ça simple et facile. Et oui bien sûr, j'ai essayé les marches dans la nature, la visualisation... Niet.
Mais voilà: on ne devient pas zen en se disant "je devrais être zen", ni même en se disant "je suis zen", en se faisant des accroires, comme on dit. On ne lâche pas prise en se disant "maudit qu'il faudrait donc que je lâche prise". On ne s'endort pas en se disant "faut que j'dorme-faut que j'dorme-faut que j'dorme"; en fait ce serait plutôt la recette pour faire de l'insomnie.
Ben alors, comment on y arrive?
Je n'y suis sûrement pas tout-à-fait arrivée, mais en fait, je constate que tranquillement, l'idée de focuser sur autre chose fait sa place. Elle fait sa place toute seule, probablement parce que j'étais arrivée là. Je ne sais pas comment les autres font, mais moi, en général, quand je suis écoeurée d'être dans tel ou tel état d'esprit, quand j'ai laissé de la place à mes émotions "inappropriées", je finis par doucement passer à autre chose. Mais voilà: il me faut d'abord m'écoeurer et me permettre d'être "pas ce qu'il faut" , et c'est une étape obligatoire.
Et pour que tout ça prenne place, ça ne peut partir que de moi. Personne ne peut vraiment m'accepter à ma place, ni me rendre zen à ma place non plus... C'est délicat tout ça. Moi, j'ai le droit de me dire "bon, je vais essayer d'être plus patiente", mais que je voie quelqu'un venir me dire "sois patiente"!! Ce qui se veut un simple conseil gentil prend alors une tournure toute autre: j'ai tout-à-coup l'impression de me faire reprocher mon impatience, j'ai alors l'impression que mon infertilité est réduite à une impatience de ma part. Hé, j'ai les ovaires polykystiques après tout! Ça fait des années que j'attends, je ne me suis pas levée un matin en me disant " je veux un bébé tu-suite" !!
C'est pareil pour les "sois courageuse", pour les "sois zen" et tout ce que vous voulez.
La seule chose qu'on puisse me dire et qui passe bien, c'est : c'est normal que tu vives tout ça, c'est normal que tu sois frustrée, tannée, fâchée, découragée.
On le serait pour moins que ça, d'ailleurs... non?
La seule chose qu'on puisse me dire et qui passe bien, c'est : c'est normal que tu vives tout ça, c'est normal que tu sois frustrée, tannée, fâchée, découragée.
On le serait pour moins que ça, d'ailleurs... non?