mercredi 2 septembre 2009

La poussière...

On dit que "la poussière retombe". On dit ça, non? C'est une drôle d'expression, je trouve. J'ai pensé à ça, aujourd'hui. "La poussière retombe". Est-ce qu'on dit des fois que "la poussière remonte" ? Parce que des fois, je vous jure, on dirait qu'elle remonte... On s'énerve, on s'excite, on bouge, on court partout, ça fait du vent, des tourbillons même, et la poussière, elle remonte... Bon, ok, tout ça a peut-être un peu rapport avec le trop-de-temps que je passe à travailler et à gérer ma vie, et le pas-de-temps que j'utilise à des fins ménagères ces temps-ci. Tant pis!

On a finalement fixé notre choix sur un local pour notre travail: un beau grand bureau avec un mur de brique, deux belles grandes fenêtres par lesquelles on voit les chevaux qui se promènent dans le champ... C'est pas donné, mais c'est franchement très beau, et on est bien contents de la tournure que toute cette épopée est en train de prendre. Tellement contents. Trop contents, des fois, je dirais...

Aujourd'hui, j'ai senti un truc... Je m'imaginais bien qu'une fois tout le brouhaha terminé, qu'une fois cessé tout ce remue-poussière de "vite-réglons-tous-les-détails-de-notre-vie-matérielle-avant-la-rentrée", que justement, la poussière, elle retomberait... Qu'il y aurait une période de brouillard: de la poussière qui retombe, ça obstrue la vision quand même un peu... Bref, je le savais, je l'intellectualisais, en fait. Je me le disais dedans mon cerveau: "Ça va venir, fais attention".

Mais là, aujourd'hui, je l'ai senti. Tout d'un coup, un gros "Ouf!" : on a un beau local, donc ça fait au moins un truc de réglé. C'est une grosse partie de la pression qui retombe. Et en même temps, une espèce de panique... J'ai peur qu'une fois tous ces détails réglés, ma fausse couche me rebondisse au visage pour de vrai. Je ne la vis pas trop mal pour le moment, mais c'est fou comme je ne me fais pas confiance... Je prends trop plaisir à être hyper occupée: si vous voulez mon avis, c'est louche. Et si c'était parce que je refoule? Parce que je suis dans le déni? Parce que je refuse de réellement vivre cette perte-là, encore ?

Alors c'est bizarre, je m'observe, je me jauge, tout en essayant très fort de ne pas me juger, ce qui en soi demande tout de même quelques efforts... Je me vois très bien parler avec les gens et me faire demander "Puis, as-tu passé un bel été?"; je me vois très bien ne pas savoir quoi répondre... Je me vois avoir envie de répondre "Ce n'est pas la fin du monde, mais j'ai passé un été de merde", et je me vois avoir peur de faire la victime et de mettre les autres mal à l'aise avec mes malheurs... Des fois je me vois même avoir peur que les autres se mettent à avoir peur de moi, comme si je traînais une espèce de malédiction.

Et pour clôturer le tout, je me vois, répondre en marchant sur des oeufs des "Pas pire, pas pire!", des "Ah oui, ça va bien!", et oser parfois un "Ah ben... finalement j'ai fait une autre fausse couche..." tristounet, tout en insistant un peu trop sur notre légendaire positivisme, sur le fait que je vis donc bien ça, et qu'on a donc bon espoir que la prochaine fois sera la bonne...

C'est difficile de tracer la ligne entre le vrai et le pas vrai de soi... Parce que tout ça, l'espoir, le positivisme, c'est bel et bien là entre moi et le chum idéal avec qui je partage ma vie :O) Quand je parle de ce positivisme, je ne l'invente pas, quand même. Mais c'est dans ma façon d'insister là-dessus devant les autres que je constate qu'il y a quelque chose qui cloche. Je n'assume pas d'avoir vécu un triste événement. Je ne veux pas l'avoir vécu. Je ne sais pas comment être triste devant eux. Et puis bon, je ne veux pas être triste. J'en ai marre, et je ne veux pas faire pitié non plus. Je refuse tout ça en bloc, et du coup, c'est comme une partie de moi que je refuse. Je me contente pour le moment d'être une machine à travailler, et ça me permet de moins voir la poussière.

C'est un brin confus, tout ça. Ça va? Vous n'avez pas trop mal à la tête? :O)

Je suppose que ça va faire un temps. L'excitation, l'énervement, la wonderwoman qui profite de la surcharge de travail de la rentrée pour fermer les yeux sur le brouillard de la poussière... Pour le moment, je ferme mes yeux très fort, en me disant un peu, je l'avoue, "si j'le vois pas, c'est pas là". J'espère que quand je rouvrirai mes "queneuils", la poussière aura, pour de vrai, retombé.

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