dimanche 28 février 2010

Borf....

Me voilà au jour 15 de mon cycle.

Au jour 11, j'ai eu une échographie qui m'a enfin permis de rêver un peu, et de croire que tout était possible... Alors qu'au dernier cycle j'étais à 50 mg de sérophène, même à la deuxième échographie du jour 16, il n'y avait rien de substantiel. Pas de follicule se démarquant, juste plein de petits follicules dont les plus gros mesuraient 9-10 mm. Bref, rien pour s'énerver de joie...

Cette fois-ci, oh surprise! à l'échographie du jour 11, déjà un follicule de 12 mm ressortait du lot. Youppies optimistes et yahoos heureux: au moins, le sérophène donne un peu quelque chose, que je me suis dit. Si ce n'est pas suffisant ce cycle-ci, au moins il y a un espoir que le cycle prochain, avec une dose plus forte, ça y soit, et que j'aie cette petite chance d'ovuler, enfin. Et toujours pas de symptômes négatifs dus au sérophène: pas de kyste, pas de problème pour ce qui est de l'épaisseur de l'endomètre. À ce qu'il paraît, certaines ne tolèrent pas bien ce truc et se retrouvent avec certes, de beaux gros follicules, mais une muqueuse de l'utérus amincie ne permettant pas qu'il y ait nidation...
Yé! Pas moi! Disons que j'ai eu une belle semaine.

Hier, c'était le jour 14. On avait rendez-vous pour la deuxième écho, question de voir si ce follicule de 12 mm était prometteur. J'espérais fort fort voir ce gros rond noir sur l'écran, avec un beau 18 mm magique inscrit à côté... et comme vous le devinez sûrement, ce n'est pas venu. Mon 12 mm prometteur est devenu un ridicule 12.2 mm, je n'ai donc gagné que .2 mm en 3 jours, alors que c'est sensé grossir de 2 mm par jour quand tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes...

"Vous allez l'avoir votre bébé, mais ça va être long. Va falloir être patiente."

Pour la première fois, un médecin semble réaliste avec moi, plutôt que bêtement optimiste sous prétexte que "au-moins-je-suis-déjà-tombée-enceinte". Tout à coup, alors qu'on croyait encore naïvement que ce serait presque facile, et qu'on était très près du but, je me retrouve pour la première fois depuis un long bout de temps avec cette foutue impression que ce sera ardu. Très ardu. Que ça pourrait même ne jamais fonctionner.

"Il va falloir que vous revoyez votre médecin traitant pour voir quelles sont les options qui s'offrent à vous, si jamais ça ne marche pas. L'efficacité de passer à la dose de 150 mg de sérophène est discutable, surtout quand le produit n'a rien donné avec des doses plus petites. Vous allez peut-être passer aux injections pour le prochain cycle..."

Dans ma tête, ça a fait: wow là!! De quoi? Pourquoi le médecin précédant m'a dit qu'on commençait le sérophène à 50 mg et qu'on ajoutait un comprimé supplémentaire pour augmenter la dose, passant donc à 100 mg, puis à 150 mg... et ainsi de suite jusqu'à un maximum de 5 fois la dose initiale? Pourquoi on m'a laissé entendre que je pouvais me rendre jusqu'à 5 fois la dose si au final, "ça ne donne rien de plus de passer à 3 fois la dose" ?

Les injections... c'est quoi? Comment ça marche? Ça coûte cher? Est-ce que je dois nécessairement aller en insémination ? (Ben tsé, si tu payes des tonnes de $$$ pour ovuler, autant payer un peu plus et t'assurer que tu mes toutes les chances de ton bord pour féconder ce rarissime ovule, non?)

Bon, il reste une chance pour que mon super 12.2 mm se mette tout à coup à grossir, mais ça ne semble pas être si fréquent que ça, à en juger par la face tristounette qu'a faite l'infirmière quand je lui ai posé la question. Je dois donc retourner pour une 3e écho mardi qui vient, je serai donc au jour 17 de mon cycle. On pourra alors savoir avec certitude si le sérophène 100 mg a finalement fonctionné pour moi, ou pas du tout, et là, je pourrai me faire une idée de ce qu'on fera ensuite.

Dans la salle d'attente, alors qu'on attendait pour voir l'infirmière, je remuais tout ça dans ma tête... Je pensais au fait qu'on se retrouverait peut-être en insémination, ou éventuellement en fécondation in vitro... Je pensais au fait qu'il me faudra sans doute faire ce deuil supplémentaire, celui de la fécondation par une relation sexuelle normale... Je pensais à mon compte de banque, qui vraiment, commence à être à sec, parce qu'avec 5 échographies à 120$ chacune depuis janvier, plus l'achat du sérophène et du metformin... ça monte vite. Pour la première fois j'ai été confrontée au fait que je ne pourrai pas tenir à ce rythme longtemps. Pour la première fois, je me suis sentie pauvre, pauvre, pauvre. Pour la première fois, j'ai songé que notre prétendue "possibilité de concevoir vu que j'ai eu deux débuts de grossesse" a joué contre nous: à cause de ça, les médecins y ont été avec des méthodes toutes douces, pas drastiques du tout, pensant que ça suffirait. Et voilà, ça ne suffit pas, et on aura perdu tout ce temps et cet argent à essayer, à tâtonner, à faire des choix à l'aveuglette, sans aucune possibilité de savoir quelle sera pour nous la solution.

Vraiment, quelle galère injuste!

Je me suis dit plein d'autres trucs, aussi...

Si on m'avait dit au tout début que pour moi, vouloir un enfant allait être aussi laborieux, j'aurais bien pensé à mon affaire avant de m'embarquer là-dedans. Est-ce que je veux un enfant tant que ça, à ce prix là? Je ne sais plus trop trop... je ne suis plus sûre de rien et je ne me suis jamais sentie aussi loin du but.

Dans la voiture en revenant à la maison, on a même parlé d'adoption... Et honnêtement, ça m'a complètement démontée. Pour le moment, j'aurais l'impression de baisser les bras. D'adopter par dépit. De me magasiner un prix de consolation.

C'est fou comme tout a changé rapidement. Il y a si peu de temps encore, j'avais l'impression qu'on tenait la solution entre nos mains, que ce n'était qu'une question de temps. Et voilà que je n'ai plus aucune idée de ce qui s'en vient, de ce qu'on va faire, de ce que je suis prête à faire. On va arrêter? On va continuer, comme ça, parce qu'on se sentirait trop poches d'abandonner? Juste sous prétexte qu'il faut prouver à dieu-sait-qui qu'on est de braves personnes? qu'on est persévérants?

J'ai retrouvé avec dégoût cette sensation étrange de ne plus savoir ce que veut dire "vouloir un bébé". Je n'ai bien sûr aucune idée de ce que ça représente, avoir un bébé. Bien sûr, je sais ce qu'il en est, je le sais intellectuellement, parce que tout le monde sait qu'un bébé nécessite tout plein d'attention et de soins... Mais je ne le sais qu'avec ma tête. Je n'ai aucune idée de moi-même en tant que mère, je n'ai aucune idée des changements qui s'opéreraient en moi, je n'ai aucune idée de comment ça "feel", tout ça, quand on le vit pour vrai. Et je suis là, à faire plein d'efforts, à espérer sans cesse puis à être déçue, à me bourrer de pilules et à payer cher de ma poche, tout ça dans le but de vivre cette expérience dont j'ignore totalement si elle sera à la hauteur de mes espérances.

Avouez que c'est un brin fucké, tout ça...

Voilà, c'était ça, mon borf... J'aurai besoin de temps pour me refaire, je suppose. Pour me recharger de cette énergie que l'espoir nécessite. Je ne suis pas prête tout de suite à déjà penser à telle autre ou telle autre solution, à me dire que vraiment les injections ou tel autre truc marchera peut-être. Pour le moment j'ai juste l'impression d'avoir déjà vu ça quelque part, cet engouement pour un truc qui finalement, ne fait que décevoir.

***

Pour la énième fois, j'ai décidé de perdre du poids. Je vais au moins avoir l'impression d'avoir un peu de contrôle sur quelque chose: mon corps. Ce que je mange.

C'est reconnu dans le milieu médical qu'une perte de poids chez une femme ayant les ovaires polykystiques peut grandement aider à retrouver une ovulation naturelle... J'avais toujours refusé de vraiment tenir compte de ce fait. Je n'ai pas tant de surplus de poids que ça, et j'ai toujours buté sur le fait que c'est trop injuste: après tout, il y a tout plein de filles beaucoup plus dodues que moi qui font des bébés facilement, je ne vois pas pourquoi je me ferais bêtement donner l'impression que je n'ovule pas parce que j'ai un surplus de poids tout ordinaire...

Mais bon, finalement, l'idée a fait son chemin. L'idée selon laquelle les autres l'ont peut-être facile, peuvent peut-être peser 100 livres de trop et demeurer fertile, mais pas moi. Mon petit 20 ou 30 livres à perdre me nuit sûrement un peu. Et tant qu'à ne plus savoir sur quoi focuser en ce moment... aussi bien focuser sur ce sain objectif: perdre du poids.

Ça a l'air tout simple dans un sens... se mettre au régime, faire attention, boire plus d'eau, faire plus de sport, être constante, allez-hop! Le tour sera joué, vite fait bien fait! Ça a l'air simple, mais je sais que ça ne le sera pas... l'expérience dernièrement me montre que j'ai bien des qualités, mais je ne suis pas capable de mener quoi que ce soit à terme, pas plus une simple résolution qu'une grossesse. Du coup, j'ai énormément à me prouver à moi-même, et ce foutu régime prends des allures de thérapie intense.

Est-ce que je vais finir par être capable de quoi que ce soit, coudonc??

1 commentaire:

  1. Bonjour Mayana,

    Je comprend se que tu vis... J'ai passé par la CHAQUE fois que je revenais de la clinique de fertilité après le sérophène. Une déception continuelle et un sentiment d'échec à vouloir préféré mourir que de ne pas réussir à mettre ce petit être au monde qu'on désir tant mais que comme tu dis on ne sait pas si on sera à la hauteur.

    Par contre, j'ai une chose à te dire... J'ai été dans ta situation et j'ai abandonné pendant longue années. Sa m'a permis de me refaire une santé mentale mais mis à part sa... J'ai continuer de souffrir chaque fois que j'ai rencontré une femme enceinte ou une nouvelle maman... Toujours... jamais tu n'oublieras cette douleur peu importe ce que tu feras.. Le coup de grâce dans mon cas est quand la blonde de mon frère est tombé enceinte... à ce moment là j'ai su que je devait me battre coute que coute.. J'ai donc repris les traitements que tu connais déjà un peu l'histoire..

    Rappel toi toujours que ton ange que tu essaie de mettre au monde t'aimeras toi et ton chum et se sera un amour inconditionnelle. Même si le chemin est ardue pour y arriver ta douleur disparaitra quand tu tiendras ton petit ange dans tes bras...

    J'espère grandement t'aider en te disant ceci et je ne désir pas te faire de mal mais j'espère te donner le courage qu'il te faudras pour persévérer...

    Après 5 ans et demi de combat contre l'infertilité je suis finalement tomber enceinte pour la première fois de ma vie... Mais comme tu le sais j'ai aussi les ovaires polykystique ce qui augmente le risque de fausse couche... Mais je tien à te dire que tu dois continuer à te battre...

    Mon combat n'est pas totalement terminer... et le tien non plus... tu réussiras j'en suis convaincu... parce que ton courage est plus grand que tu ne le pense...

    Pour répondre à quelques unes de tes questions, les injections coûtes cher oui... tu doit prévoir environs 700$ par mois s'il n'y a pas d'IAC (insémination artificielle avec sperme du conjoint) sinon de 1500 à 2000$ s'il y a insémination. Tu dois te faire les injections toi même avec le Puregon Pen. J'étais comme toi et honnêtement je te souhaite de passer directement aux injections plutôt que de perde ton temps à peut-être voir ton ovule grossir chaque mois... Le puregon est très puissant et si tu est à 12mm à 100mg de séro je suis certaine que tout ira bien avec le puregon pour toi... Moi j'ai été me chercher une marge de crédit exprès pour faire les traitements de puregon...

    Donc ma belle n'hésite pas si tu as des questions et ne te décourage surtout pas :)

    Bizou
    Adel

    RépondreEffacer