vendredi 10 décembre 2010

Non, rien de rien

Depuis quelques temps déjà, j'essaie d'écrire moi aussi mon petit billet sur Noël.

J'écris un brin, j'efface, je recommence... Je fais un petit bilan de l'année, j'efface, je recommence...

Eh bien, la vérité, chères amies, c'est que j'ai beau creuser, j'ai beau chercher ce que ça me fait de voir Noël arriver à grand pas... Je ne trouve pas.

On dirait que Noël ne me fait rien.

Bien sûr, j'aime quand même les lumières, les décos, les chants de Noël, le congé qui approche (youppie!!) , mais la fête de Noël en tant que tel... Je ne sais pas. Rien. Je cherche à l'intérieur de moi, et c'est comme...

...vide.

Et pire encore, ce vide ne me rend même pas triste. Ça me fait juste bizarre...

Avant, Noël me faisait rêver, m'émouvait au plus haut point, et j'y songeais longtemps d'avance. Avec l'infertilité, je me suis mise à craindre un peu les réunions familiales. Être confrontée à la grossesse de l'autre, ou au nouveau-né de l'autre, au bonheur des autres, le tout devant le regard de tous, alors qu'évidemment tout le monde sait que tu viens de te taper ta première ou ta deuxième fausse couche, et qu'en ce moment, tu aurais dû avoir une belle bedaine... Pas génial.

Je me suis mise à craindre les souhaits de bonne année aussi. Du genre "Je te souhaite tellement ce que tu désires le plus pour la nouvelle année!" , accompagné d'un petit clin-d'oeil complice qui veut dire "N'est-ce pas que je suis discrète et attentionnée?!!" ...

Mais voilà, je ne sais même pas pourquoi je vous parle de tout ça, parce qu'en ce moment, ce n'est pas du tout ce que je vis. Je ne crains pas ce Noël-ci. Les bébés des autres sont tous nés, ils ont grandi un peu, et je doute qu'on nous annonce une nouvelle grossesse cette année. Et puis même si c'était le cas, on dirait que ça ne me dérange pas vraiment. Que de toute façon, j'ai fait mon deuil d'être la prochaine à annoncer sa grossesse.

Des fois ça me fait peur. On dirait que j'ai trop fait le deuil d'une grossesse, tout court. Que je me comporte comme si ça ne m'arriverait jamais, et que finalement, ce n'est pas si grave que ça. Que ça ne peut pas être pire que ce que je vis en ce moment, pas dans le sens ou je vis un calvaire, mais plutôt dans le sens ou en ce moment, ben je n'en ai pas d'enfant. Et je ne suis pas morte pour autant. Dans le fond, je suis déjà en train de vivre le pire qui puisse arriver, c'est à dire de ne pas arriver à réaliser ce projet. Et après tout, une fois qu'on en fait le deuil, ma foi, c'est pas si pire, ou du moins c'est ce que je me plais à croire ces jours-ci...

Ce qui me fait peur dans tout ça, c'est de me voir aussi "insensible"... comme coupée de mes émotions, on dirait. On dirait que rien ne me fait rien. On dirait que rien ne me dérange, que je suis totalement abandonnée à ce que le sort voudra bien faire de moi et de ma vie, et ... je sais pas, je trouve ça un brin déprimant. Comme si je n'avais plus cette pulsion, cette envie de me battre, de vouloir aller dans telle ou telle direction. Comme si j'avais abandonné le contrôle que je pouvais avoir sur mon existence, si tant est qu'on a du contrôle...

Des fois je me demande: est-ce que je serais simplement en train de me résigner à une vie sans enfant? Une partie à l'intérieur de moi crie un gros "NON"... mais en même temps, on dirait que je ne suis plus capable d'espérer ou de rêver à ça sincèrement.

Pu capable de me dire pour la énième fois : "Peut-être que ce sera enfin pour cette année!!!"

Boooooooring. Been there, done that...
Est-ce qu'il y en a parmi vous qui êtes passées par là??


5 commentaires:

  1. Je suis passé par là aussi...

    ont a toute notre passe insensible je pense... mais un moment donné sa passe et notre douleur revient :|

    tk dans mon cas c'était sa...

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  2. Oh que oui j'ai connu ça aussi.
    J'en ai souvent parlé sur mon ancien blog.
    Il y a des moments où c'était tel que j'avais l'impression que même si on m'annonçait que j'étais enceinte ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid. Et il est vrai que cela me faisait peur. Je me demandais parfois si finalement je voulais vraiment avoir des enfants ou pas.
    En fait je pense que ce sont tout simplement des passages où notre corps fait un peu le vide et se repose. Quelque part ça fait du bien de ne plus se sentir incessamment touchée par tout. On se protège sans doute inconsciemment..
    Gros bisous

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  3. Merci les filles, vos commentaires me font du bien, je commençais vraiment à me trouver pas tout à fait normale!!
    Ça fait du sens, que ce soit un moment... Je pense que pour le moment, si je suivais vraiment le rythme avec lequel je suis à l'aise, on ferait pas pleins d'essais les uns immédiatement après les autres, mais plus du genre: un mois d'essai, un mois de congé, un mois d'essai, un mois de congé...
    Ce sera à discuter avec ma tendre moitié!

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  4. Wow! Moi aussi ça me fait du bien de vous lire! Je n'ai pas de blogue mais j'en lis plusieurs. Moi aussi je suis dans une passe ou je ne sais plus trop ce que je veux. Après une FIV négative l'an dernier, on est en attente pour une enfant en banque mixte et notre prochaine FIV devrait être en janvier-février... et pourtant j'ai toujours l'impression que ça n'arrivera jamais. Mais me semble que je me sens mieux depuis que j'imagine que je pourrais vivre sans enfant. Ça m'enlève une pression. Merci les filles pour vos expériences.

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  5. Je témoigne : je suis passée par là aussi. C'est ce que j'appelle la résilience ou le renconcement. C'est je crois une étape fondamentale dans le travail de deuil du bébé quel qu'il soit (couette ou pas). Et paradoxalement, aussi bizarre que cela puisse paraître, cela m'a aidé à avancer. J'ai ainsi trouvé d'autres centres d'intérêt que mon nombril et ce ventre qui ne s'arrondit pas (en tout cas pas pour de bonnes raisons ;)). J'ai décidé de me remuer le cul pour VIVRE ma vie et faire certainement des choses que je ne pourrai pas faire de la sorte si j'avais des enfants. J'ai souhaité voyager, c'était notre but : l'argent sera mis dans les voyages plutôt que dans les couches. Noël est la période propice à ce genre de questionnement car la société met la pression sur Noël en famille donc avec des enfants... c'est souvent dans ces moments-là qu'on doit redoubler de protection nous les infertiles. Plutôt qu'une protection, devenir comme tu dis "insensible" c'est à mon sens, commencer à écrire une autre page, je ne dis pas tourner une page, je dis bien écrire une autre, sous-entendu en attendant qu'éventuellement un jour ce soit notre tour. Mais cette fois, on ne se met plus la pression : on vit, on pense à soi en tant qu'individu qui a droit au plaisir et au bonheur sans avoir forcément des enfants. Je te souhaite bien entendu que ton rêve d'en avoir se réalise, mais ce que je te souhaite surtout c'est avant tout de trouver la sérénité, la paix et que peu importe le chemin que tu empruntes, avec ou sans enfants, que tu sois HEUREUSE ma Nath. Voilà donc pour résumée ce long com (lol) une version positive selon moi de ton sentiment de devenir "autre".

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