mercredi 17 mars 2010

Bonne fête quand même...

Alors, trouvez-vous l'attente longue autant que moi?

Moi, jusqu'à aujourd'hui, j'ai trouvé ça interminable. Surtout la première semaine. Cette semaine, un peu moins. Après tout, le temps de l'attente, c'est le temps du rêve, c'est le moment durant lequel on s'imagine comment sera la vie si ça a marché, comment elle sera si ça ne marche pas... A quel mois de naissance ça nous mènerait, quel nom il ou elle aurait, combien on serait heureux que ça ait enfin fonctionné. Bon, je vous l'accorde, on s'imagine surtout le beau de la chose. Le p'tit test qui sera peut-être positif. Finalement, même si c'est long, je dois avouer que c'est plutôt plaisant.

Au moins, quand on attend, tout est encore possible.

Je n'ai toujours pas fait de test, demain serait mon 14e jour après la présumée ovulation... mais je suis trop convaincue que ça n'a pas marché. Alors voilà, sans même avoir un test négatif en main, je m'avance et je me permets de présumer d'un verdict: ça n'a pas marché. Pour toutes sortes de raisons valables ou pas... Je ne me sens pas enceinte, finalement je dois admettre que je n'ai aucun symptôme, aucune vraie raison de croire que ça a fonctionné, alors que des raisons, j'en ai tout plein pour penser que je n'ai rien d'autre que des tripes dans le bedon.

Cette nuit, je ne me suis pas réveillée pour aller faire pipi.
Depuis deux jours, je n'ai jamais faim.
Ce matin, j'ai eu une genre de mini perte rosée du genre "Ça y est la grande, tu vas être menstruée..."

J'attends donc les vilaines sanglantes d'un moment à l'autre... et puis bon, si je me trompe, ça fera une belle surprise, mais honnêtement, je ne crois pas me tromper. Je les sens venir, on dirait. Et puis j'ai tellement pas envie de me retrouver une fois de plus devant un test négatif... alors je préfère présumer et croire mes intuitions pour aujourd'hui.

C'est dommage. Hier, c'était ma fête. Ça aurait fait un beau cadeau...

***

Tout à l'heure j'ai fait part de mon verdict à l'homme de la maison. Je me suis assise sur le divan, j'ai pleuré un brin, et j'ai songé au fait que vraiment, c'est trop injuste de devoir travailler et faire semblant d'être peppée par une belle journée de sentiment d'échec et de découragement.

J'ai songé au fait qu'on est serrés financièrement, en ce moment, et que si d'ici 1 jour ou 2, bing bang! voilà les règles, faudra qu'on se revire de bord, comme on dit, et qu'on trouve le moyen de sortir encore un autre bon 500$ au moins du compte de banque d'ici les deux prochaines semaines.

J'ai songé au fait que si ça ne fonctionne pas pour les deux prochaines fois avec le même traitement, il faudra sans doute revoir notre médecin, et voir quelles sont les possibilités qui s'offrent à nous.

Je me suis dit que les traitements pourraient être couverts par l'assurance maladie dès la fin du printemps, et je me suis dit aussi que ça pourrait traîner en longueur, cette histoire... Faut pas, faut pas, faut pas!

Je me suis dit plein d'autres trucs aussi. Des trucs du genre "Ça ne marchera peut-être jamais."
Des trucs du genre "Ça marchera peut-être la prochaine fois."
Des trucs du genre "On va peut-être finir par aller en fiv."
Des trucs du genre "Retour à la case départ".

Et je me suis dit que vraiment, l'attente, à bien y penser, c'était plutôt bien.

***

Bon, allez, une petite anecdote pour terminer...

Hier, donc, c'était mon anniversaire, et je travaillais. Sans trop m'étendre sur les détails, parce que ce n'est pas le but de l'opération, je dirai simplement que je travaillais avec un groupe de personnes, hier soir. Après la soirée, une d'entre-elles est venue me voir pour me souhaiter bon anniversaire, et pour littéralement me chuchoter dans le creux de l'oreille "Je te souhaite un p'tit bébé!", comme si elle ne m'avait pas fait exactement le même souhait de la même façon pour Noël, le jour de l'an, et toutes les fêtes réunies des 2 dernières années...

Bon, là, je vais peut-être avoir l'air complètement sauvage et dénuée de toute empathie pour autrui, mais je suis rendue absolument allergique à ce genre de situation. Premièrement, quand je suis au travail, je n'ai pas envie de me faire rappeler LA chose qui ne marche pas dans ma vie. Avec mes amis proches, avec vous mes lecteurs et lectrices qui vivez aussi (ou pas...) l'infertilité, avec les membres de ma famille, ça va, parce que c'est normal qu'ils soient au courant, et parce qu'ils ont une façon appropriée de me transmettre leurs voeux. C'est normal... ils en savent plus sur la situation que simplement "elle veut un bébé". Ils savent les hauts et les bas. Ils connaissent les cycles, les incertitudes, l'envie et l'écoeurement. Et donc ils ont une façon délicate et discrète de me faire leurs souhaits. Une manière dans laquelle ce qui prévaut, c'est "je veux ton bonheur", plus que "je veux pour toi que tu aies un bébé".

Deuxièmement, je n'ai aucune idée de comment il faut réagir à ça. Qu'est-ce qu'on dit, quand quelqu'un vous dit tout bonnement :"Je te souhaite un p'tit bébé?", avec le même air que s'il vous disait "Amuse-toi bien, tu es une grande fille maintenant!" ?? Quelqu'un a une idée? On dit "merci" avec un grand sourire en songeant secrètement à toute la douleur que cela nous cause? On fait comme si l'infertilité n'avait pas fait de nous une personne différente, et on prend l'expression émerveillée d'une jeune femme sur le point de vivre une grande étape de sa vie? On rit en faisant semblant que c'est là un souhait tout à fait léger et anodin, du genre "je te souhaite de gagner le million" ?? On fait semblant que c'est original comme souhait? Qu'on ne s'y attendait pas? Et surtout, on fait comme si c'était approprié de se faire dire ça au milieu de tout le monde, dans le chahut du travail? On pourrait peut-être me faire faire un gâteau d'anniversaire en forme de foetus, tant qu'à y être...

Bon, ok, j'y vais peut-être un peu fort, et je vous avoue qu'en me relisant, j'ai tendance à me demander ce qui cloche avec moi... Je n'arrive pas réellement à décrire avec précision ce que ça me fait, tout ça. Vous comprenez, être infertile, ça feel un peu comme être affublé d'une tare bien particulière... Mon incapacité, ce n'est pas n'importe quelle incapacité. Non... mon incapacité, l'affaire que mon corps ne peut pas faire tout seul, c'est LA chose la plus naturelle du monde, celle que toutes les femmes font depuis que le monde est monde, celle qui fait d'elles des initiées, des membres d'un club à part, de vraies femmes qui ont accouché et qui peuvent maintenant invoquer le sacro-saint argument: "Tu peux pas comprendre, toi, t'as pas d'enfants".

Et oui, j'ai un peu honte. Même si ce n'est pas de ma faute. Même si à la limite, ça ne se voit pas. J'ai honte, et je suis mal à l'aise quand les gens essaient de m'encourager, parce que j'ai l'impression d'être une débile qu'on encourage à réussir une addition en se disant secrètement "Maudit, a va tu l'avoir, me semble que c'est pas compliqué...".

Ben non. "A" l'a pas encore eu.










2 commentaires:

  1. Mayana,

    Je te suis depuis le dernier mois et je vis exactement la même chose que toi, presque jour pour jour. Les mêmes émotions, les mêmes inquiétudes, et au bout du compte la même déception à l'arrivée encore une fois du JOUR 1.

    Je veux aussi te dire que je ressens les mêmes sentiments que toi. Ça m'agresse littéralement de me faire poser la question par les collègues de travail, "pis es-tu enceinte?" ou même encore plus l'affirmation "t'es enceinte!.." alors que ces suppositions sont basées sur le fait que j'ai encore l'âge de tomber enceinte (même s'il est minuit moins quart selon mon horloge biologique) et que j'ai déjà répondu "oui" à la question "veux-tu avoir des enfants?". Est-ce compliqué de comprendre que je ne veux pas discuter de cette situation, surtout pas au travail...

    Enfin bref, Mayana, la prochaine fois c'est à notre tour... j'en suis au jour 4 et je me mets en mode "optimisme" et j'y crois encore.

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  2. Yes Yes Yes, la prochaine fois, c'est notre tour!
    Un gros merci pour ton commentaire, et un gros /$%?%?&?& pour tous les collègues du monde qui manquent de perspicacité! :-)

    Bon, alors on a un jour de différence dans ce début de cycle, moi aussi j'aborde le mode "optimisme" avec, je dois dire, un genre de satisfaction de ne pas être restée sur le mode "déception" trop longtemps.

    On va finir par les avoir, nos +++ !

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